Le blond…
Résultant de croyances médiévales et d’une dualité manichéenne, il se dit que la femme blonde est l’épouse légitime et la femme brune la maitresse.
De nos jours, cette réalité est un peu différente mais pas tant.
Pour certaines personnes, le blond est aujourd’hui encore assimilé, à la douceur, la naïveté, la femme idéale. Pour certains hommes, la blondeur est associée à la soumission. Une femme blonde est une femme docile, qui ne ment pas, qui ne trahit pas, une femme « parfaite » à l’effigie de Barbie. J’ai eu le cas de clientes qui à la demande de leur conjoint, voulaient devenir blonde; parce que Monsieur préfère, sans même savoir si ce changement leur irait. A mon sens, il faut plutôt changer de mari.
Une recherche de l’université Britannique de Westminster, démontrent que les hommes préfèrent les brunes, mais draguent plutôt les blondes, qu’ils croient être plus facile. Le stéréotype de la blonde un brin décérébrée se serait incrusté dans le cerveau des hommes? Dans les magazines, les jolies femmes blondes incarnent le règne de la mode, elles font la une des catalogues de lingeries et des magazines tendances. La raison de leur surexploitation serait: la rareté.
La majorité des hommes préfèreraient les brunes pour du long terme et les blondes pour du flirt. L’anthropologue canadien Peter Frost prouvait que l’attirance pour une couleur plutôt qu’une autre n’est pas due à la couleur elle-même mais à sa rareté. Selon lui la sélection sexuelle privilégierait les couleurs rares. Ainsi pour lui, « si près d’un tiers des européennes se décolorent les cheveux, c’est dans le but d’attirer l’attention dans un monde de brunes ».
Mais quand est-il pour nous au salon ? J’ai l’impression que 80% de ma clientèle est représenté par ce fameux tiers de la population qui se décolore les cheveux. Pour les femmes, le blond est devenu une mode, une tendance relayée par les médias sociaux notamment Instagram ou encore Pinterest. Elles choisissent leur blond comme elles choisissent un habit chez Zara. Et il y a de quoi: entre le blond cacao, le blond champagne, le baby blond, le blond polaire, miel, ashy et je ne parle même pas des techniques: Tête entière, balayage, contouring, mousky hair, highlight, babylight etc…
Plus les fashionistas le feront, plus les clientes le voudront. Mais pour nous, coiffeurs-coloristes, cela devient une prouesse technique parfois irréalisable. Ce qui nous pousse à vouloir, la décoloration la plus puissante, le plex le plus performant, les meilleures patines… En gros, il nous faudrait une baguette magique digne d’Harry Potte (exit l’époque de nos vieilles mèches jaunasses qui convenait bien à nos clientes, une quinzaine d’années en arrière).
À coup de Photoshop, placement de mauvais produits et désinformation, certains coiffeurs se sont laissés tenter par l’achat d’abonnés, de likes et de filtres photos…Comme si cette fausse notoriété publique était l’arme ultime pour prouver que nous faisons partie de l’élite! Ce monde faux cause énormément de tort à des coiffeurs doués mais qui manque un peu de confiance en eux.
Alors comment prouver à nos clientes que nous avons les compétences? Comment leur faire comprendre qu’elles ne doivent pas croire tous ce qu’elles voient ? Il n’y a pas de recette magique, on trouvera toujours plus doué que soi. Ce qui fait la différence c’est la confiance et l’estime de soi. La confiance, pas l’égo.
Il n’y a pas de meilleur produit décolorant, ni de meilleures patines, l’essentiel c’est la maitrise de ceux-ci. Il faut également faire un diagnostic poussé du passé technique de notre cliente et de sa routine capillaire.
Et le plus important? Savoir dire non. Si ton avis professionnel te dis qu’il ne faut pas le faire, alors dis-le à ta cliente !
Le blond polaire reste à l’heure actuelle la plus grande angoisse de beaucoup d’entre nous. Si tu n’ose pas, ne le fait pas. Forme-toi, apprend, il n’y a aucune honte à ne pas savoir. Fais toi confiance! Crois en tes expériences, ton vécu, en tout ce que tu as appris.
Je remercie les têtes blondes d’aujourd’hui, c’est grâce à eux que je me suis formé pour pouvoir répondre à l’exigeance. Plus j’en faisais, plus j’avais des demandes. Je me suis parfois heurté à des murs dû à un mauvais diagnostic. À des déceptions aussi, mais j’ai appris. J’ai lu, demandé a ceux qui ont la connaissance et j’ai payé des formations.
Ne laisse pas le monde virtuel te faire croire que tu n’as pas les compétences. Comme on dit, il n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas ! Entoure toi d’une communauté de professionnels qui ne te laissera pas sur le bord de la route. Ne vois pas l’évolution de notre monde comme néfaste. Le changement effraie, c’est normal mais investi en toi, en tes clientes et tout ira bien. Ne laisse jamais une cliente te dicter ton travail, le client n’est plus roi.
Tu l’as laissé entrer dans ton château, donc le roi c’est toi. Tu dictes tes règles.
Cœur sur toi
Une coiffeuse (pas) comme les autres….